Interview de Steve Clark

9/10/14

Hydros a interviewé Steve Clark, le président de la Classe C.


steve clark usa


ENTREVUE AVEC STEVE CLARK, PRÉSIDENT DE LA CLASSE-C

" De curiosité culturelle, le catamaran s'est hissé parmi les voiliers les plus sophistiqués et constitue un élément majeur de la voile d'aujourd'hui "

 

IL Y A PLUS DE 50 ANS, VOTRE PÈRE, VAN ALAN CLARK, A PRIS PART AUX PREMIÈRES ÉDITIONS DE LA LITTLECUP (ANCIENNEMENT INTERNATIONAL CATAMARAN CHALLENGE TROPHY). L'ANNÉE PROCHAINE SE TIENDRA LA 27E ÉDITION DE CE CHAMPIONNAT. QUEL EST LE SECRET DE LA LONGÉVITÉ DE LA CLASS C?

 

Au fil des années, la Class C a offert aux designers et constructeurs toute latitude pour développer et parfaire de nouveaux concepts. Au tout début, c'était l'essence même du concept de catamaran moderne: quelle résistance devait-il offrir? Quelle était la configuration idéale? Comment le manœuvrer et le mener au mieux? De curiosité culturelle, le catamaran s'est hissé parmi les voiliers les plus sophistiqués et constitue un élément majeur de la voile d'aujourd'hui. De nombreuses personnes ont contribué au succès commercial et à la popularité du catamaran, mais les membres de la Class C ont fait la «recherche fondamentale» dont tous les catamarans modernes ont hérité.

La liberté d'innover et de tester, qui est au cœur de cette classe, constitue probablement l'une des raisons de son manque de popularité – alors qu'elle passionne tous ceux qui s'y engagent – et de l'absence de championnats rassemblant un grand nombre de compétiteurs. Le défi est trop ouvert et les coureurs sont plus à l'aise avec des embarcations soumises à davantage de restrictions. Les risques sont assez élevés et plus d'une équipe bien organisée n'est pas parvenue à s'aligner au départ. C'est la sophistication qui fait tout l'intérêt de cette classe et la prive dans le même temps d'une popularité importante.

 



 

LORS DE LA DERNIÈRE COUPE DE L'AMERICA, LE MONDE A DÉCOUVERT L'AC72, CATAMARAN ÉQUIPÉ D'UNE AILE RIGIDE ET DE FOILS. OR, CES AILES SONT UTILISÉES SUR LES CATAMARANS CLASS C DEPUIS LES ANNÉES 1970. QUELLE EST L'INFLUENCE DE LA LITTLECUP SUR LA «BIG CUP» ET SUR LA VOILE EN GÉNÉRAL?

 

D'une certaine manière, l'AC72 est venu justifier l'existence même de la Class C. Les multicoques étaient présents dans les plus hautes sphères du sport et l'aile (qui a été développée presque exclusivement par la Class C) a été reconnue comme le moteur de l'avenir. Tout à coup, les navigateurs et les designers des Class C n'ont plus été considérés comme des originaux, mais comme déterminants pour la navigation.

Il est intéressant d'observer cette évolution. En dépit de la liberté garantie par les règles de la Class C, nous ne pouvons pas nous soustraire à certains fondamentaux, par exemple le fait que les catamarans légers sont plus rapides que les catamarans lourds. C'est pour cela que nous avons toujours cherché les solutions les plus légères dans toutes les phases de conception. Le Règlement de la Coupe de l'America n'est pas ouvert et impose des restrictions en matière de poids notamment, mais également sur d'autres points, si bien que les décisions prises pour le design sont très différentes de celles que nous connaissons. Ceci dit, avoir de l'expérience et un savoir-faire dans la conception des ailes est aujourd'hui un atout indéniable pour tout designer souhaitant travailler dans le secteur des voiliers de course. Ainsi, ces programmes plus modestes ont pris de l'importance pour les jeunes professionnels.

Au début du dernier cycle AC, les designers des Class C ont été très largement sollicités par les équipes de la Coupe de l'America. Trois ans plus tard, plus aucun d'entre eux ne manifeste d'intérêt pour nous. Je pense qu'il y a de nombreuses raisons à cela, mais, à mon avis, ils voulaient avant tout que nous leur fournissions un programme sophistiqué de prédiction de la vitesse (VPP) pour les catamarans à aile rigide. Lorsque nous leur avons dit que nous n'en avions pas, qu'il s'agissait d'un objectif difficile à atteindre et que, selon notre expérience, les résultats ne seraient pas fiables, ils nous ont congédiés, nous qualifiant d'ignorants.
Et, même s'ils ont découvert que nous avions raison sur de nombreux points, leur intérêt pour nous a nettement diminué.

Par ailleurs, de nombreux concepteurs de premier plan travaillent désormais sur les ailes rigides et les catamarans. Ces personnes sont particulièrement ingénieuses et disposent de budgets et d'outils de recherche et conception largement supérieurs aux nôtres. Ils feront des découvertes qui seront autant de grandes avancées. Nous devons donc maintenant suivre de près leurs développements, comprendre ce que nous pouvons transposer sur nos bateaux et incorporer ces découvertes dans notre processus. Les échanges se font désormais dans les deux sens, et c'est particulièrement excitant. Certes, les progrès sur les foils sont déterminants, mais les règlements imposent des restrictions aux classes AC et A qui restreignent les solutions pouvant être mises en place. Une fois de plus, la Class C offre le terrain le plus propice pour trouver les meilleurs compromis.

 



 

LA SOCIÉTÉ NAUTIQUE DE GENÈVE A ÉTÉ LE PREMIER CLUB EUROPÉEN À CONQUÉRIR LA COUPE DE L'AMERICA AVEC ALINGHI. C'EST SUR ELLE QU'A PORTÉ LE CHOIX D'HYDROS FOUNDATION POUR ACCUEILLIR LA LITTLECUP EN SEPTEMBRE 2015. UN PARALLÈLE INTÉRESSANT, N'EST-CE PAS?

 

Genève est bien plus proche du cœur du yachting que la plupart des chauvins ne veulent bien l'admettre. Contrairement à la Coupe de l'America, nous allons courir sur les eaux de la SNG et serons basés au Cercle de la Voile de la SNG. Je pense donc que les membres sentiront davantage l'impact de la petite coupe que ce ne fut le cas pour la Coupe de l'America. La Class C a toujours été plus ouverte et disposée à parler des technologies et de l'ingénierie sur lesquelles reposent les bateaux. J'espère que les membres saisiront cette opportunité pour rencontrer et échanger avec les navigateurs, les designers et les concepteurs qui seront sur place.

 

 

EN 2010, SIX VOILIERS REPRÉSENTANT QUATRE NATIONS ONT PRIS LE DÉPART À NEWPORT. L'AN DERNIER, ONZE ÉQUIPES ISSUES DE SEPT NATIONS SE SONT AFFRONTÉES DANS LA BAIE DE FALMOUTH. LA LITTLECUP GAGNE EN IMPORTANCE SUR LE PLAN INTERNATIONAL. QUELLES SONT VOS ATTENTES POUR LA 27E ÉDITION À GENÈVE?

 

L'International Catamaran Challenge Trophy présentait un Deed of Gift assez restrictif, basé sur le modèle challenger et defender de la Coupe de l'America. Cela n'a pas encouragé la création de flottes importantes et de championnats forts, mais en tant que premier événement de la classe, il a ouvert la voie et servi de référence. Le format actuel est nettement plus inclusif et permet aux équipes de s'aligner avec des bateaux qui n'ont pas été conçus et construits dans leur pays d'origine. En 2010, cela représentait 50% de la flotte. En 2013, le pourcentage a été inférieur, mais toujours significatif (28%). Aujourd'hui, les équipes peuvent acheter des bateaux existants ou faire construire leur voilier là où le savoir-faire est le plus important et participer à l'événement. J'espère que la tendance va se poursuivre, mais je n'ai pas entendu dire que de nombreux nouveaux groupes prévoyaient de prendre le départ à Genève.

 



 

POUR LA TOUTE PREMIÈRE FOIS, LA LITTLECUP SE DÉROULERA À GENÈVE, UNE VILLE CONNUE POUR SON DYNAMISME CULTUREL ET ÉCONOMIQUE, MAIS ÉGALEMENT POUR SON FORT ATTACHEMENT À LA  VOILE. PENSEZ-VOUS QUE CELA CRÉE DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS POUR LA CLASS C?

 

En dépit de l'engouement pour les catamarans sur le Léman, la Class C n'est jamais parvenue à marquer de son empreinte cet environnement dynamique. Personnellement, je n'ai jamais compris pourquoi. En même temps, j'ai découvert la Class C à l'âge de 9 ans, raison pour laquelle l'extraordinaire me semble plus proche qu'à d'autres. D'après ce que je sais sur le lac, la Class C est bien adaptée aux conditions qui y règnent.

 

 

AURONS-NOUS LA CHANCE DE VOIR COGITO NAVIGUER SUR LE LAC LÉMAN L'AN PROCHAIN?

 

Mon équipe, The Cogito Project, sera à Genève. Le voilier Cogito (USA 104) pourrait toutefois ne pas être de la partie. Nous prévoyons d'engager un bateau dans la course. Mais je ne suis pas encore prêt à dévoiler de quel voilier il s'agira. Cogito fêtera ses 20 ans en septembre 2015 et, s'il reste un compétiteur redoutable, je pense que les conditions dans lesquelles il peut gagner sont assez limitées. Le fait que Genève est susceptible de rassembler ces conditions m'incite à mûrement réfléchir au choix à faire, mais pour l'instant, attendez-vous à ce que nous embarquions à bord d'un voilier plus récent et que nous mettions de nouvelles idées à l'épreuve de la course.


 

ENGLISH 
 
LITTLECUP : INTERVIEW WITH STEVE CLARK,
PRESIDENT OF THE C CLASS
 
 
" The C Class brought the catamaran from a cultural oddity to one of the most sophisticated sailing vessels and a major aspect of the sport of sailing "



 
OVER 50 YEARS AGO, YOUR FATHER VAN ALAN CLARK TOOK PART IN THE FIRST EDITIONS OF THE LITTLECUP (FORMERLY KNOWN AS THE INTERNATIONAL CATAMARAN CHALLENGE TROPHY). NEXT YEAR IS THE 27TH, WHAT IS THE SECRET OF THE C CLASS LONGEVITY?

 
Over the years, the C Class has offered designers and builders the freedom to develop and perfect new concepts. In the very early years, it was the very concept of the modern sailing catamaran: How strong did it have to be? How was it best arranged? How is it best sailed and raced? This brought the catamaran from a cultural oddity to one of the most sophisticated sailing vessels and a major aspect of the sport of sailing. Many people are responsible for the commercial success of the sailing catamaran and it's popularity, but the members of the C Class did the "fundamental research" that all modern catamarans are heir to.
This freedom to innovate and test is at the very core of the class, and while very exciting to those who engage in it, is also probably one reason why the class isn't very popular and doesn't have championships with large numbers of competitors. The challenge is too open and competitors are more comfortable with more restricted boats. The risks are pretty high, and more than one well organized team has failed to even make it to the starting line. The class is always interesting because it is so advanced, but will never be popular for the same reason.


 
 


THE LAST AMERICA'S CUP INTRODUCED THE WORLD TO THE AC72, FOILING CATAMARAN EQUIPPED WITH A WINGSAIL. YET THESE WINGS HAVE BEEN USED ON C CLASS CATAMARANS SINCE THE 70'S. CAN YOU TELL US MORE ABOUT THE IMPLICATION OF THE LITTLECUP IN THE "BIG CUP" AND SAILING AS A WHOLE?

 
In some ways, the AC72 was the vindication of what the C Class has been about. Multihulls were finally in the highest circle of the sport, and the wing, ( which was developed almost exclusively by the C Class) was recognized as the power plant of the future. Instead of being outliers, C Class sailors and designers were suddenly seen a relevant to yachting.

It is pretty interesting to watch how this plays out. In spite of the freedom of the C Class rules, or maybe because of it, we are never free from certain fundamentals such as "light catamarans are faster than heavy catamarans." This has always driven us toward the lightest solution to every design challenge. The America's Cup Rule is not this open and has restrictions of weight and all sorts of other things which makes their design decisions very different than what we experience. That being said, it is now a good thing for a young designer to have experience and expertise in wing design and engineering if he hopes top be employed in the racing boat industry. So these more modest programs have increased relevance to young professionals.

Early in the last AC cycle, C Class designers were scouted extensively by America's Cup Teams. Three years later, none of them are interested in talking to us. I believe there are a number of reasons for this, but fundamentally I think they wanted us to provide them a sophisticated Velocity Prediction Program for wingsailed catamarans. When we said we didn't have one and it would be a very difficult thing to achieve and that, in our experience, the results would be unreliable. They dismissed us as know-nothings and in spite of discovering that much of what we told them was true, their interest in us is greatly diminished.

On the other hand, there are now many more top designers working on wingsails and catamarans, These are clever people with many times the design and research budgets and tools than are available to us. They will learn things that will advance the art. So we have now to pay attention to their developments, understand what is applicable to our boats, and incorporate that learning into our process. The street now runs both ways, and is more exciting because of it. Certainly the advances in foiling of critical interest. However the AC and A Class have rule restrictions which affect the solutions they pursue. Once again the C Class offers the cleanest slate for exploring the fundamental tradeoffs.
 



 
 



THE SOCIÉTÉ NAUTIQUE DE GENÈVE WAS THE FIRST EUROPEAN CLUB TO CONQUER THE AMERICA'S CUP THANKS TO ALINGHI. TODAY THEY ARE CHOSEN BY HYDROS FOUNDATION TO HOUSE THE LITTLECUP IN SEPTEMBER 2015. AN INSPIRING PARALLEL, ISN'T IT?

 
Geneva is far closer to the Center of Yachting than most chauvinists would like to admit. Unlike the America's Cup, we will be racing on SNG's actual home waters and operating from SNG's club house. So I expect the members will feel a more direct impact from hosting the little cup than they felt from defending the America's Cup. The C Class has historically been far more open and willing to discuss the technology and engineering behind their boats, so I hope the membership embraces the opportunity to meet and engage with the sailors, designers and builders who will be there.
 



 
IN 2010, SIX BOATS FROM FOUR NATIONS LINED UP IN NEWPORT. LAST YEAR ELEVEN TEAMS REPRESENTING SEVEN NATIONS COMPETED IN THE BAY OF FALMOUTH. THE LITTLECUP IS GETTING MORE AND MORE INTERNATIONAL. WHAT ARE YOUR EXPECTATIONS FOR THE 27TH EDITION IN GENEVA?
 

The International Catamaran Challenge Trophy had a fairly restrictive Deed of Gift based on the America's Cup challenger and defender model. This wasn't conducive to building large fleets and strong championships, yet as the premier event in the class, it set the standard and "drove the bus." The current format is far more inclusive, and permits teams to enter boats that were not designed and built in their native country. In 2010 this accounted for 50% of the fleet. In 2013 the percentage was lower, but it was still significant ( 28%) It is now possible for teams to acquire existing boats, or to have boats built where the expertise is greatest and compete in the event. I hope the trend continues, but I have personally not heard of many new groups planning to compete in Geneva.
 



 
 



FOR THE VERY FIRST TIME, THE LITTLECUP WILL BE HELD IN GENEVA, A PLACE KNOWN FOR ITS CULTURAL AND ECONOMIC DYNAMISM BUT ALSO FOR ITS STRONG ATTACHMENT TO SAILING. DO YOU THINK IT CREATES NEW OPPORTUNITIES FOR THE C CLASS?
 

In spite of the popularity of catamarans on Lake Geneva, the C Class has never been able to establish a foothold in this dynamic environment. Personally, I have never understood this, but then again I was exposed to the C Class at the age of 9 years and perhaps feel that the extraordinary is closer at hand than most. From what I know about the lake, the C Class is well suited for the prevailing conditions.
 
 



WILL WE HAVE THE CHANCE TO SEE COGITO SAILING ON LAKE GENEVA NEXT YEAR?
 

My team, The Cogito Project, will be in Geneva. The actual yacht Cogito ( USA 104) may not be. Or current plan is enter one boat in the event. I am not prepared to say which boat it will be. Cogito will be 20 years old in September of 2015, and while she is still a potent competitor, I believe the conditions in which she can succeed are fairly limited. The fact that Geneva is likely to dish out those conditions makes me want to consider this choice very carefully, but at present expect us to be sailing a newer boat and testing some newer thinking.


 
 


Hydros : http://www.hydros.ch/fr/hydros-foundation/actualit%C3%A9s/item/littlecup.html
 

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